samedi 7 juillet 2012

Au 110 rue de Grenelle, le changement, c’est pas maintenant


 

    

                Ainsi donc, le ministre de l'enseignement privé catholique, M. de Labarre et le ministre de l'enseignement public, M. Peillon, se sont aimablement rencontrés ( à quatre reprises dit la presse) pour octroyer à celui-là 70 postes d'enseignants,
prélevés, quoi qu'on dise, sur la cassette
des fonds publics de celui-ci    

    Que signifie ce geste politique?

    Monsieur Debré Michel, premier ministre et rapporteur de la loi qui porte son nom avait, au cours de sa discussion, mis en garde ses amis politiques:

    "C'est une chimère dangereuse que celle qui conçoit....la constitution d'une sorte d'université nationale concurrente que l'état accepterait de considérer dans son unité, avec laquelle il traiterait d'égal à égal"

    Chimère dangereuse à l'évidence. En toute équité ce qui est bonnes manières pour l'un doit l'être pour d'autres, établissements juifs, protestants, musulmans qui semblent prendre de l'appétit.

     En cinquante ans, les partis de droite ont installé cette chimère dangereuse pour l'unité de la République. M. Peillon la confirme.

     Celui-ci et M. de Labarre ont tracé.."un
chemin des bonnes habitudes". Ils ont ensemble affecté ces emplois à des départements; ils en ont " charcuté" quelques uns ( un demi ici, trois quarts là) pour faire un compte rond. En clair, ils ont distribué un bon million d'euros....A qui?

        On nous dira: c'est une restitution. La vilaine droite, dont l'objectif affiché est de démanteler l'enseignement public avait osé, avant le 6 mai, associer cet enseignement privé- un tout petit peu- aux ponctions draconiennes qui ont affecté l'enseignement public. Mais un ministre socialiste, qui a pour mission de redonner la priorité au service public, prend sur les comptes publics des crédits qui n'amélioreront pas demain celui-ci. En période de disette, chapeau !

    Le détournement de la loi

    En cinquante ans, les partis de droite ont détourné le sens et la lettre de leur propre loi. On aurait pu attendre d'un ministre socialiste, à défaut de condamner cette loi pernicieuse, qu'il revienne à son application exacte.

    Il y est dit que l'État passe contrat avec un établissement, en tout ou partie, et en fonction d'un besoin scolaire reconnu (art. 4)..

    Quel établissement de l'académie de Dijon, par exemple, a négocié avec le Rectorat ou l'Inspection académique d'un de ses départements., l'octroi de 0,75 poste? Et en fonction de quel besoin reconnu?

    

    Un contrat engage deux parties, avec des contraintes partagées. En contre partie du financement de son fonctionnement, l'établissement privé doit respecter la liberté de conscience des élèves et enseigner les programmes officiels. Il est soumis au contrôle de l'État (art 1er)

    Ce qui n'empêche nullement les responsables de l'enseignement privé catholique d'écrire dans un manifeste diffusé en janvier dernier en vue des élections "L'enseignement catholique, fidèle à la vision chrétienne de l'Homme transmise par l'Évangile, attache une importance si grande à former des jeunes....enracinés dans une culture et une histoire qui ouvrent dans un dialogue entre foi et raison à l'accueil de Dieu dans la vie de chaque homme"


 

    Ceci n'a pas semblé émouvoir le ministère de l'Éducation Nationale?

    Les corps d'inspection exercent-ils leur contrôle sur le contenu de l'enseignement donné? Où en sont les traces? Quelles en sont les conséquences?


 

    Au budget de 2011, c'est plus de 7 milliards d'euros de fonds publics qui ont été affectés aux contrats passés avec les établissements privés. Qui a contrôlé leur utilisation? Où peut-on en avoir connaissance ?

La Cour des Comptes n'a semble-t-il pas été saisie; elle ne s'est pas davantage interrogée depuis 50 ans sur l'utilisation de ces sommes énormes ponctionnées sur l'impôt de tous les contribuables. Elle ne manque pas pourtant d'être attentive à l'utilisation des finances publiques…Sept milliards chaque année !!


 

    Faut-il rappeler que la Constitution de la République énonce ainsi la priorité qui doit être donnée à l'enseignement public :"L'organisation de l'enseignement public , gratuit et laïque est un devoir de l'État"

    
 

         Les responsables de l'enseignement privé catholique le disent aujourd'hui "associé" au service public.? Chiche! Il convient alors d'intégrer les établissements privés ayant passé contrat dans l'organisation même de l'enseignement public et avec les mêmes contraintes ( neutralité, carte scolaire, statut des personnels...)


 

    Respecter la Constitution, appliquer la loi à défaut de la modifier, tel aurait dû être, au minimum, le véritable "souci de justice" qui aurait dû animer le ministère de l'Éducation Nationale.

    C'aurait été une opportune manifestation du "changement ".

            

                        Guy Georges

                        7/07/2012


 


 


 

lundi 16 avril 2012

l'ecole appartient à ses élèves

Le candidat Sarkozy a, en une phrase, exprimé l'idéologie de son camp :"l'école appartient aux familles de France"...Ce "droit du père" derrière lequel se cache le parti clérical, alliance du conservatisme politique et de l'Eglise Catholique que dénonçait Victor Hugo.
Grave affirmation qui donne à penser ou bien que, pour ces gens, l'expression familiale serait unique; on sait comment se nomment ces régimes qui l'imposent..Ou bien chaque famille aurait son école selon ses origines, sa religion, son niveau social, ses affinités politiques...C'est ce que les lois anti-laïques imposées par ce parti clérical ont réussi: diviser la jeunesse et par conséquent la France.
Non, l'école appartient aux élèves qui lui sont confiés.C'est un devoir des enseignants, en relation avec leurs parents, de leur donner une éducation universelle. C'est le devoir de l'Etat d'y veiller. Libres sont les parents d'apporter dans la famille les compléments qu'ils souhaitent. C'est cela l'école laïque, l'école républicaine accueillante à tous les enfants et qu'il faut reconstruire.
M. Sarkozy a, ce dimanche, tenté de récupérer Victor Hugo, comme Jaurès il y a cinq ans..
Je lui suggère de reprendre ceci dans un prochain discours et de le méditer
" L'instruction primaire obligatoire, c'est le droit de l'enfant qui, ne vous y trompez pas, est plus sacré encore que le droit du père".C'était Victor Hugo le 15 janvier 1850

vendredi 6 avril 2012

Souvenir de Plogonnec

Les anciens s'en souviennent. Plogonnec, bourg de Bretagne entre Quimper et Dournenez, fut pendant plusieurs des années 70, symbole de la défense de la laïcité républicaine. Il n'y existait qu'une école privée. Des parents voulaient que soit créée une école publique pour leurs enfants (c'est une obligation constitutionnelle) Le maire s'y opposait, soutenu par un député qui eut la notoriété que l'on sait en donnant son nom, Guermeur, à une loi de division; il défendait là une curieuse conception de la liberté de l'enseignement.
Il fallut manifester souvent, avant que la municipalité cédât.
En 1979,230 enfants fréquentaient l'école privée; 135 l'école publique
Le journal "Ouest-France" du 26 mars 2012 nous apprend que Plogonnec "possède trois écoles, deux écoles publiques, Paul Gauguin avec 135 élèves et Jean-marie Autret qui compte 72 élèves; et une école privée Saint Egonnec avec 114 élèves"
La proportion s'est inversée...
On entend périodiquement des officines politiciennes, fondées par des caciques de l'UMP, comme "SOS Education" " Créer son école",dénigrer, insulter l'école laïque , qui serait "un désastre"!!! Condamnation reprise complaisamment par des médias complices.
Belle réponse des parents de Plogonnec qui font confiance à l'école de la République et témoignent par leur confiance de sa qualité.
Faisons-le savoir...
.

vendredi 30 mars 2012

de tout un peu

1-La DCRI vient donc ce matin de lancer une grande opération dans les milieux des" islamistes radicaux" ayant séjourné en Afghanistan, nous dit la presse. C'est bien...C'eût été encore mieux avant les sept assassinats perpétrés par l'un des leurs il y a peu. La presse nous précise que c'est sans rapport avec ce drame..Ah bon! Alors en rapport avec quoi? Le 22 avril?
2- A Nîmes hier, il semble que le candidat Sarkozy se soit laissé aller à l'injure contre son adversaire principal. Ce n'est pas une tactique nouvelle...Quand il paraît à court d'argument, il
manie l'invective. Naguère, il invita un contradicteur à aller se faire voir ailleurs dans un langage qu'un charretier n' ose plus employer. Hier ce fut moins vulgaire et chercha à masquer un bilan désastreux pour la France et des propositions peu crédibles...Ne pas se laisser entraîner dans une querelle de chiffonniers; les électeurs méritent mieux
3- Je fus à l'origine de la demande de plus en plus nécessaire d'inscrire le principe de séparation des Eglises et de l'Etat dans la Constitution ( voir mon blog du 24/07/2011) . Cette précaution a connu de curieux prolongements. Ce qui doit être inscrit dans la Constitution, à mes yeux, c'est la première phrase de l'article 2 de la loi "L'Etat ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte". A la rigueur, le titre premier même s'il est redondant ( la liberté de conscience est déjà inscrite dans la Constitution) ou critiquable en constitutionnalisant les aumôneries par exemple..Qu'y soit ajoutées "les règles particulières à l'Alsace-Moselle" dépasse l'entendement. Dans la Constitution de la république il y en aurait donc deux, différenciées par un principe que la Cour Européenne des droits de l'Homme a qualifié de "socle de la laïcité"; 97 départements qui y souscriraient et trois qui y échapperaient ( et que fait-on de la Guyane?). On rendrait constitutionnel un concordat vieux de plus de deux siècles, passé entre un chef d'Eglise, Pie VII, et un usurpateur de la République, le général Bonaparte, qui prépare, depuis son coup d'Etat du 18 brumaire, l'Empire. Et cela dans la Constitution d'une République "indivisible, laïque, démocratique et sociale" !!!
Gardons la tête froide....

jeudi 16 février 2012

A qui, à quoi sert l'école?

Question saugrenue? Pas tant que cela...
La réponse évidente est que l'école a été crée pour les élèves ; que la responsabilité de chacun, politiques, professionnels, parents, est que fonctionne un système scolaire le mieux aapté aux réalités et exigences du développement enfantin.
J'ai construit un tel système en 1971, le projet d'école fondamentale, à partir de ces observations, qu'un enfant "nul" n'existe pas, qu'il a au moins un sujet d'investigation, que les enfants et adolescents ont des rythmes de développement et d'apprentissage différents ( le langage officiel les dénature dans l'expression "échec scolaire"), que les conditions de leur réalisation sont la continuité du parcours scolaire, l'individualisation de l'intervention pédagogique, la détection et la prévention précoces des handicaps. J'en rappelle les détails, je redis les raisons de son échec dans "i majuscule, comme Instituteur"
Il existe une autre approche, millénaire, antagoniste qui entend conformer les enfants et l'organisation scolaire aux exigences affinitaires d'adultes, sociales, religieuses, professionnelles, politiques. Cette approche est actuelle et menaçante; il suffit de parcourir le programme UMP de janvier 2012 pour le constater

lundi 13 février 2012

i majuscule comme Instituteur

C'est le titre de l'essai que je viens de publier pour rappeler que la démocratisation du système scolaire est possible comme l'a prouvé le projet d'école fondamentale, qu'il a été combattu par les partis de droite qui, aujourd'hui semblent en récupérer l'essentiel. Dans le même temps, ils poursuivent le démantèlement de l'école laïque comme en témoigne le programme UMP de janvier 2012.
Ne soyons pas dupes

"i majuscule comme Instituteur" éditions Bruno Leprince 62 rue Monsieur le Prince 75006 Paris
presse@graffic.fr

dimanche 24 juillet 2011

Réflexion succincte sur 5 décisions du Conseil d’Etat

Le Conseil d'État les commente dans un communiqué de presse qui suscite les réflexions suivantes.


 

Le fil conducteur de la position adoptée par le juge administratif suprême (Section du Contentieux) est dans son titre: "interprétation et conditions d'application de la loi du 9 décembre 1905"

    Ce sont des directives adressées aux Cours Administratives d'appel dont il a la tutelle, en réaction à des jugements de celles-ci qu'il estime ou mal fondées ou erronées.

    L'orientation de ces directives est claire. Il ne s'agit pas de les fixer par rapport au principe laïque de séparation des Églises et de l'État, mais d'adapter la loi de 1905 aux comportements religieux d'aujourd'hui. Le Conseil d'État se situe ainsi dans l'air du temps, en particulier la démarche de l'UMP et du Chef de l'État

    L'interprétation porte sur deux aspects.

    1- Devant le nombre de textes législatifs applicables qui ont fait suite à cette loi, le Conseil d'État considère qu'elle "doit être articulée avec d'autres législations qui y dérogent ou y apportent des tempéraments".

    En clair, cela signifie pour le Conseil d'État que la loi du 9 décembre 1905 est une loi ordinaire et n'a pas la qualité de constitutionnalité que lui donne l'interprétation laïque. Il rejoint en cela le rapport Machelon.

    2- Il glisse (curieusement!) des restrictions "édictées dans
l'intérêt de l'ordre public" (art. 1er de la loi de 1905) vers la notion apparemment nouvelle d' «  intérêts publics locaux » en relation avec des
cultes.

    Ces intérêts publics locaux, dépendant de situations cultuelles deviennent l'élément déterminant de la décision à prendre..


 

    Certes, il est recommandé d'accompagner toute participation des collectivités territoriales, de la signature d'une convention ou d'un contrat d'utilisation dont les clauses tarifaires doivent être conformes aux conditions du marché et ne pas constituer une libéralité à un culte.

    Néanmoins, les critères susceptibles de motiver une décision apparaissent très vagues et sources d'interprétations subjectives, donc difficilement appréciables.

    Ainsi peut-on lire, à partir du cas de l'équipement de l'église de Fourvière par un ascenseur:

    "l'équipement
ou l'aménagement projetés doivent présenter un intérêt public local, lié notamment à l'importance de l'édifice pour le rayonnement culturel ou le développement touristique et économique du territoire de la collectivité et il ne doit pas être destiné à l'exercice du culte"

    De telles lignes directrices ne manqueront pas d'entraîner des appréciations diverses et des décisions inégales . Quels critères ?. Qui en fixe le cadre, les limites? A partir de quels critères « touristiques » et « culturels » une communauté religieuse sera fondée à Lourdes, Lisieux ou autre lieu de pèlerinage, d'obtenir un financement de ses activités par la Commune ou une autre collectivité ?.


 

    Les décisions du Conseil d'État ne satisfont pas son intention de clarifier les conditions d'application de la loi fondatrice de séparation des Églises et de l'État.

    Par contre, elles éclairent les menaces qui l'environnent par les temps présents.