lundi 11 avril 2011

inquiétante poudre aux yeux


 Les 26 "propositions"


La simple lecture du document rendu public par l'UMP après son "débat" sur la laïcité est concluante. Ou bien ce parti persiste dans sa déformation du sens de la laïcité, ou bien, tout aussi grave, il n'y comprend décidément rien.


Dans les six premières lignes ( en gras) de ce document figurent un oubli fâcheux et une contrevérité.


L'oubli. C'est bien de citer une partie de l'article premier de la Constitution :" La France est une République indivisible,laïque, démocratique et sociale". C'eût été mieux de citer la phrase suivante :" Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion" (c'est moi qui souligne)


C'est cette phrase qui donne tout son sens à la laïcité: l'égalité devant la loi de tous sans distinction.....

La contrevérité La loi de 1905 n'a pas précisé les cultes auxquels elle s'appliquait.. La liberté des cultes concerne donc les cultes de cette époque aussi bien que les cultes à venir. Et elle s'applique, comme toute loi à tous les citoyens sans distinction etc...Ecrire que la loi de 1905 " a permis d'organiser les rapports entre la République et les cultes catholique, protestants ou juif (et) ne concerne aucun autre culte " est une contrevérité évidente. La loi garantit la liberté de culte (ils ne sont pas nommés) et l'Etat ne reconnaît aucun culte. Tous sont bien concernés.


Il est donc faux et fallacieux de justifier l'initiative de ce débat avec ces arguments qui ne résistent pas à l'évidence. Quand ce document pose d'emblée"Comment s'assurer que ces droits et ces devoirs sont respectés"? (respect des droits d'autrui et respect de l'ordre public). Réponse toute simple: en appliquant la loi


"Comment construire un islam de France?" Réponse C'est du ressort des citoyens qui professent cette religion, et qui doivent se conformer en tant que citoyens aux lois françaises .Idem pour d'autres religions "nouvelles" en France que l'UMP ignore d'ailleurs dans ses "louables" intentions...


Dès lors, les "26 propositions" n'ont plus lieu d'être..Ou elles sont entachées d'intentions contraires à la Constitution laïque de notre Pays


Faut-il préciser à ces donneurs de leçon de l'UMP que ces pertinentes questions qui ouvrent leur document( droits d'autrui- liberté de conscience et de culte- et devoir de respecter ces droits) s'appliquent d'abord aux responsables de l'Etat, en particulier à celui qui les représente, à Rome ou ailleurs, dans ses déclarations et ses actes? Qu'ils ont ouvert la boîte de Pandorre du communautarisme avec la loi Debré, imposée par la volonté des autorités catholiques et dont profitent d'autres courants religieux. Pourquoi donc avoir oublié cette loi dans le désastreux bilan dont ils s'enorgueillissent? Probablement parce que tel lycée musulman sous contrat grâce à cette loi Debré, propose dans son "caractère propre" des enseignements que l'UMP prétend juguler par ailleurs..


Alors, que valent ces "propositions"? Des artifices ou des injonctions dont l' objectif politicien: saute aux yeux mais qui n'aident en rien des citoyens à comprendre et vivre les lois de leur pays.



samedi 2 avril 2011

Laïcité, valeur universelle


Il n'y a qu'une laïcité. Et cette valeur universelle n'a pas besoin d'épithète ni d'un « débat » dont les dés sont pipés et auquel un parti politique veut donner une dimension nationale. Ceux qui éprouvent le besoin de la qualifier ou de la confronter à telle religion ou croyance, en l'occurrence, aujourd'hui, l'islam, ne cherchent ou ne contribuent, consciemment ou non, qu'à en détourner le sens. Cette tactique est datée ; elle remonte aux années trente où quelques voix opposaient les « bons » laïques, ouverts, qui "respectaient les croyances", et les méchants « laïcards », les "sectaires" qui défendaient la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905; cette loi à laquelle, en 1929, les Cardinaux avaient déclaré la guerre.


L'objectif n'a pas changé, modifier l'article 2 de la loi par lequel "l'Etat ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte"; et pour lui substituer une reconnaissance de tous les cultes.


Voilà la réalité de cette démarche qui a ouvert et encourage le communautarisme.


Il faut rappeler en quoi la loi de Séparation est bien le socle de la République laïque en inscrivant dans ses articles 1 et 2 ces principes universels que sont la liberté de conscience, la liberté des cultes ( en cela elle respecte les croyances, contrairement à la séculaire affirmation qui persiste à vouloir la dénaturer) et en conséquence, l'indépendance réciproque de l'Etat et de toutes les options spirituelles, philosophiques.


Texte non point circonstanciel et par là révisable, mais le socle inaltérable de princies qui échappent au vieillissement .


Il suffit pour s'en convaincre d'écouter la voix des peuples en lutte pour conquérir la liberté et de tant de Prix Nobel de la Paix qui revendiquent cette liberté dans leurs pays soumis à l'autocratie. Ils aspirent à la démocratie en reprenant, sans le savoir souvent, l'apostrophe de Victor Hugo, "Je veux l'Etat chez lui et l'Eglise chez elle ".