jeudi 24 décembre 2009

identité nationale

En conclusion d'un discours aux accents cocardiers qu'il consacrait à l'"identité nationale française", M. Sarkozy, le 12 novembre proclamait " Ceux qui ne veulent pas de ce débat, c'est qu'ils en ont peur. S'ils ont peur de l'identité nationale française, c'est qu'ils ne la connaissent pas".

Si vous aviez eu le coeur à en rire, vous auriez pensé à cette chanson de Salvador "Nos ancêtres les gaulois..."
Mais cette proclamation qui rappelle une autre époque n'incite pas à rire.

La France que j'aime n'est pas celle de Déroulède et des "Croix de feu"
La nation n'est pas "un principe spirituel qui se nourrit de la beauté des âmes" (dixit M. Sarkozy). Elle s'est construite dans la révolte contre l'injustice, l'inégalité, le pouvoir régalien des nantis, un certain 14 juillet 1790. Parce que des représentants des provinces ont décidé de se "fédérer", de se donner des lois communes quelles que soient leur histoire, leurs traditions, leurs croyances. Le drapeau français n'est pas que cet étendard "qui s'est couvert de gloire sur tous les continents",- pas toujours au nom de la liberté, hélas-. Le blanc de la royauté, du pouvoir absolu, emprisonné par le bleu et le rouge des couleurs de Paris en révolte, c'est un symbole de liberté et d'égalité, de la vraie identité française. Je préfère rappeler cette réalité-là aux jeunes.
La nation française, c'est toujours cette agrégation d'hommes et de femmes qui décident de vivre ensemble sans distinction de race, de religion, de coutumes; qui espèrent vivre la liberté, l'égalité, la fraternité chères à l'histoire de la France. Ce ne sont pas que les "chrétiens, juifs et musulmans" auxquels M. Sarkozy s'adresse exclusivement comme si ceux qui ne croient pas (50% de la population en 2004) n'existaient pas..C'est l'ensemble des citoyens qui font la part entre leur spriritualité ( les athées en ont une , M. Sarkozy) et la règle de vie commune. Ce sont ces citoyens qui paient l'impôt pour participer à l'effort collectif d'amélioration de la vie de tous les jours (écoles, hôpitaux , routes, transports ....). Contribuer selon ses moyens, être aider selon ses besoins...
Méritent-ils cette qualité ceux qui,célébrité clinquante et fortune acquises, se hâtent de s'installer en Suisse ou ailleurs pour échapper à ce geste de solidarité citoyenne? Il ne semble pas que M. Sarkozy s'adresse aussi à eux quand il admoneste :" On ne peut pas vouloir bénéficier des droits sans se sentir obligé par les devoirs" Qu'ils donnent donc l'exemple....

Comment débattre de concepts aussi contradictoires? Les "petites gens" connaissent la France que veut bâtir M. Sarkozy, inégalitaire, mercantile, partisane...Et lui ne semble pas connaître la leur...