mardi 20 octobre 2009

privatiser l'école laïque: méthode et détails

J'évoquais récemment et succinctement l'objectif de la droite cléricale de démanteler l'école laïque. En voici l'illustration.
On sait depuis plusieurs années que tel est l'objectif déclaré (rapport et ouvrage d'Olivier Giscard d'Estaing en 1971- programme RPR de 1984 qui s'en inspire- programme de l'UPF en 1993- de l'UMP en 2007) Tout cela est public; il suffit de s'y reporter. Voir aussi " la bataille de la laïcité 1944/2004" -éditions SUDEL.
Le principe en est simple : faire fonctionner les établissements publics comme les établissements privés: l'Etat les finance; les usagers les gèrent. Pratiquement, l'Etat verse un chèque-éducation pour chaque enfant scolarisable; les parents choisissent un établissement- voire le créent- embauchent un directeur chargé de recruter des enseignants qui seront rémunérés par les gestionnaires et liés par un contrat de travail de statut privé.
Depuis 2007, les inspirateurs du projet sont au pouvoir. L'un de ceux-ci, Mr Philippe Nemo l'a détaillé dans un long document où il entrevoit des écoles créées par affinités des parents et soumises aux lois du marché . Des associations créées dans ce but, comme SOS-Education ont pour rôle de conditionner l'opinion en dénigrant l'enseignement public. L'un des chefs d'orchestre était récemment aux commandes au ministère de l'Education Nationale, Mr Darcos( Se reporter au livre "Main basse sur l'école publique" d'Eddy Khaldi et M. Fitoussi)Rien ne vient aujourd'hui montrer que l'objectif serait abandonné.
La stratégie choisie - ils l'ont écrit- c'est " pas de bouleversements mais des modifications apparemment limitées, voire anodines ou surprenantes, qui , additionnées, transformeront en profondeur l'organisation scolaire.
Ces modifications interviennent dans trois directions :
Désengagement de l'Etat
suppression de postes abondante dans le public, moindre dans le privé dont les taux d'encadrement sont pourtant plus faibles. Et la curée continue en 2010
discrédit des écoles maternelles pour préparer l'installation de "jardins d'éveil" privés ( opération en cours)
étranglement financier des associations éducatives périscolaires
suppression des réseaux de soutien scolaire (RASED), suppression de la classe du samedi tout cela pour laisser le champ libre aux officines privées de "soutien" scolaire
transfert de charges aux collectivités locales
Mise en concurrence des établissements
suppression de la carte scolaire
évaluation des élèves.C'est une partie des obligations d'un enseignant. Pourquoi en faire une compétition publique sinon pour cibler les écoles "performantes".
transformation des écoles en "établissements publics d'enseignement public", réseaux gérés comme des entreprises
récente loi Carle qui ouvre la voie au chèque-éducation et menace l'existence de nombre d'écoles rurales
et bien sûr le décret Koutchner supprimant le monopole d'Etat sur la délivrance des diplômes d'enseignement supérieur.. Aujourd'hui le Vatican; demain toute officine pourra délivrer ses propres baccalauréats-maison.?...
Mise au pas des enseignants
service minimum
nouvelle échelle de traitement des directeurs des "établissements publics"
recrutement temporaire par une agence de remplacement (site ANPE) de personnes chargées d'"enseigner" pendant de courtes périodes au tarif du SMIC
surveillance et fichage par appel d'offre à une entreprise privée pour notamment "repérer les leaders d'opinion"
Deux conclusions
L'une, empruntée à un élu local, maire et conseiller général: " Tous les élus républicains doivent avoir conscience de cette politique scolaire fondée sur la concurrence entre les collectivités,entre les élèves, entre les familles,entre les écoles et entre les enseignants."
L'autre est la leçon à tirer du récent débat qui a conduit les députés de droite à voter la loi Carle venant s'ajouter à la panoplie des lois anti-laïques
L'appétit de cette droite cléricale est insatiable. Ils exploitent la moindre imprudence, la moindre faiblesse. Ils l'ont toujours fait; rappelez-vous les conditions du vote de la premiére de ces lois, la loi Barangé.
Il faut leur opposer la rigueur des principes et des valeurs de la République laïque et démocratique. Sans concession aucune.

1 commentaire:

  1. je voudrais bien en savoir plus sur les conditions du vote de la loi Barangé.
    Merci.
    PR

    RépondreSupprimer